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Épire du Nord

L’Albanie moderne est un pays qui a obtenu son indépendance en novembre 1912, peu après le déclenchement de la Première Guerre balkanique.

Ancienne province romaine d’Illyrie, le territoire de l’actuelle Albanie fut intégré à l’Empire byzantin en 395 de notre ère, date de la mort de l’empereur Théodose Ier et du partage de l’empire romain entre ses deux fils. Au cours des VI° et VII° siècles le pays subit une série d’invasions de la part des Goths, des Huns puis des Slaves pour être finalement rattaché au VIII° siècle au royaume de Bulgarie. Au XIII° siècle ce sont les Angevins qui dominent la région pendant moins d’un siècle avant d’en être chassés par les Serbes dirigés par le tsar Etienne Dušan au milieu du XIV° siècle. La fin du XIV° siècle fut le début des incursions ottomanes et de la prise de contrôle de la région côtière par la République de Venise.
En 1444 George Kastrioti surnommé Skandenberg (1403-1468) fonda le premier État albanais et mena jusqu’à la fin de sa vie des actions de guerilla contre l’occupant turc. Malgré les nombreux succès militaires remportés par les Albanais, l’Empire ottoman s’est finalement rendu maître du pays en 1480. La domination ottomane fut consolidée en 1505 par la signature avec la République de Venise du traité d’annexion.
La présence ottomane perdurera jusqu’en 1912.

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Source : Atlas de Géographie Moderne, édition de 1891

Au cours du XIX° siècle l’affaiblissement de la puissance ottomane en Europe réveilla les espoirs d’indépendance des Albanais. Le pays connut alors des soulèvements et la création de mouvements de libération patriotiques. La contestation s’emplifia au début du XX° siècle avec notamment les révoltes de 1910 et 1911.

Les guerres balkaniques

La Première Guerre balkanique fut déclenchée le 18 octobre 1912 par la Ligue balkanique constituée des armées de Serbie, de Bulgarie, de Grèce et du Monténégro contre l’empire Ottoman.
Profitant des revers militaires de la Turquie le patriote ismail Qemal proclame l’indépendance à Valonna (Vlorë) le 28 novembre 1912. L’anniversaire de ce jour est devenu la fête nationale.
Dans l’attente de la fixation de ses frontières le nouvel État est sous administration internationale et ne prend pas part aux guerres balkaniques.
La Ligue balkanique sort victorieuse de cette guerre qui est conclue par le traité de Londres le 30 mai 1913.
L’issue de ce conflit voit la Turquie dépossédée de la majeure partie de ses territoires situés en Europe. Les Alliés se partagèrent les territoires conquis sans fixation officielle des frontières, en particulier en Macédoine répartie entre la Serbie et la Grèce mais revendiquée par la Bulgarie et le nouvel État albanais dans les zones où la population albanophone est importante.
La conférence des Ambassadeurs (ou conférence de Londres) composée des six grandes puissances de l’époque (Allemagne, Autriche-Hongrie, France, Grande-Bretagne, Italie, Russie) a été mise en place en décembre 1912 pour arbitrer la répartition des territoires perdus par l’empire ottoman et traiter le cas particulier de l’Albanie dont l’indépendance venait d’être proclamée.

Le gouvernement provisoire albanais avait pour ambition la création d’un état incluant tous les territoires comprenant les populations albanaises vivant dans les vilayets du Kosovo, de Monastir et de Janina.
La décision formelle prise par les ambassadeurs le 29 juillet 1913 confirme l’indépendance de l’Albanie mais ne lui accorde qu’un territoire équivalent à la moitié de ce que le gouvernement provisoire avait revendiqué laissant de facto une importante population albanaise en Serbie.
Une commission spéciale fut mise en place délimiter la frontière avec la Grèce. Le choix du tracé de la frontière fut adopté le 17 décembre 1913 par les représentants des six puissances européennes (protocole de Florence). Il fut contesté par la Grèce car les régions de Koritza (Korçë) et Argyrocastro (Gjirokaster) à forte population grecque ont été attribuées à l’Albanie. Le 28 février 1914 George Zoggraphos leader de la minorité grecque proclama la République autonome d’Epire du Nord (cf. partie dédiée à l’Épire du Nord).

La Première Guerre mondiale

En raison de sa neutralité, l’Albanie ne fut pas directement impliquée dans le premier conflit mondial mais dut subir la présence de troupes étrangères sur son sol:

  • Occupation grecque en Épire du Nord en octobre 1914
  • En novembre 2015 l’armée serbe en retraite traversa l’Albanie en direction de l’Adriatique afin d’être évacuée vers les îles grecques de la mer Égée pour participer au front de Salonique. Compte tenu du nombre élevé de pertes humaines cette opération fut considérée comme une grande tragédie pour la Serbie.
  • Occupation austro-hongroise en 1916-1918
  • Occupation bulgare en 1916-1917
  • Occupation à l’automne 1916 du sud de l’Albanie par l’Italie et la France qui évincèrent les grecs.

À la fin de la guerre, l’Albanie a recouvré ses frontières de 1913 en dépit des revendications territoriales grecques en Épire du nord.

La confirmation du tracé de la frontière albano-grecque fut prise le 9 novembre 1920 à la Conférence des Ambassadeurs qui a par ailleurs confié à l’Italie le rôle de gardien de l’intégrité territoriale de L’Albanie.

La Seconde Guerre mondiale

Prenant exemple sur Adolf Hitler qui a annexé en mars 1939 la région des Sudètes en Tchécoslovaquie, Mussolini décida d’intervenir en Albanie, pays historiquement convoité par l’Italie.

Le 7 avril 1939 les troupes italiennes débarquent en Albanie et se rendent rapidement maîtres du terrain face à une armée albanaise peu nombreuse et mal équipée.
Le royaume d’Albanie perd son indépendance pour devenir un protectorat italien.
En avril 1941 l’Italie participe avec l’Allemagne à l’invasion de la Yougoslavie. Les régions albanophones du Monténégro et de Macédoine sont annexées à l’Albanie.
Après l’armistice signé le 3 septembre 1943 entre l’Italie et les Alliés occidentaux, l’Allemagne prend le contrôle de tout le territoire albanais.
En novembre 1944, l’Albanie libérée est rétablie dans ses frontières d’avant-guerre; il n’y a pas eu de changement depuis cette époque.

Épire du Nord

Épire du Nord

Cette région du sud de l’Albanie était située jusqu’en 1912 de part et d’autre des villayets ottomans de Janina et Monastir. À l’issue de la Première Guerre balkanique elle fut attribuée à l’Albanie nouvellement créée (traité de Florence signé le 17 décembre 1913) malgré les protestations de la Grèce qui ayant participé à la libération de la région en revendiquait le rattachement en raison de la présence d’une importante population grecque.

En application du traité de Florence, l’armée grecque se retira à partir de février 1914 mais un mouvement autonomiste grec dirigé par Georgios Christakis-Zographos fit sécession et proclama la République Autonome d’Épire du Nord le 28 février 1914 (en grec: Αὐτόνομος Δημοκρατία τῆς Βορείου Ἠπείρου, Aftónomos Dimokratía tis Voreíou Ipeírou).
Le protocole de Corfou signé le 17 mai 1914 par la Grèce, l’Albanie plus les représentants de la république autoproclamée d’Épire du Nord reconnait l’existence de celle-ci au sein de l’État albanais.
L’instabilité politique de l’Albanie puis le déclenchement de la Première Guerre mondiale firent que le traité ne fut pas appliqué et, le 27 octobre 1914 la République Autonome d’Épire du Nord s’auto-dissout.

Dans le même temps l’armée grecque envahit la région avec l’accord de l’Entente(1). L’occupation grecque prit fin en octobre 1916 pour être remplacée par la présence italienne au sud (région de Gjirokastër) et française au nord (région de Korçë) en novembre.
La zone administrée par la France fut déclarée République de Koritza. Cette région dotée d’un statut d’autonomie relative fut dissoute en février 1918 et en mars 1920 les troupes françaises évacuent la région.

La situation en l’Épire du Nord fut réglée le 9 novembre 1920 par la Conférence des Ambassadeur qui accorda définitivement cette région à l’Albanie.

(1) alliance militaire conclue entre la France le Royaume-uni et la Russie