Liens vers les parties détaillées du résumé historique de la ROUMANIE
Transylvanie
Banat
Bucovine
Dobroudja

La Roumanie est un État qui a été constitué au milieu du XIXème siècle. Son territoire correspond approximativement aux régions qui dans l’Antiquité étaient habitées par les Daces.

Entre l’an 101 et 106 après JC l’empereur romain Trajan se rend maître d’une grande partie de cette région qui est alors désignée par les Romains sous le nom de Dacie.
En 275 les Romains quittent la Dacie qui passe sous le contrôle des Carpes et des Goths. Elle connaîtra au cours des siècles qui suivirent des invasions successives de la part notamment des Slaves (VIème siècle), des Huns et des Magyars (IXème siècle).

Au XIIIème siècle la Transylvanie devient une principauté hongroise autonome créée pour protéger le royaume de Hongrie des Tatars (Mongols) établis autour de la mer Noire.
Au XIVème siècle, la Valachie et la Moldavie s’affranchissent de la tutelle des Hongrois et des Tatars avant de devenir un siècle plus tard des principautés vassales de l’empire Ottoman.
Au milieu du XVIème siècle, les Turcs contrôlent la totalité des Balkans. La Transylvanie (hongroise depuis le XIème siècle) passe en 1556 sous la tutelle de la Sublime Porte.

1683 (fin du siège de Vienne par les Turcs) marque le début du recul ottoman en Europe avec le contrôle de l’Autriche sur la Transylvanie en 1699 (traité de Karlowitz). En 1775 la Bucovine située au nord du voïvodat de Moldavie est à son tour cédée par la Turquie à l’Autriche. En 1812 la partie de la Moldavie située à l’est de la rivière Prut est attribuée à la Russie.

Le traité d’Andrinople (à présent Edirne en Turquie), signé le 14 septembre 1829 à la fin de la guerre russo-turque de 1828-1829 modifie le statut des principautés de Valachie et de Moldavie qui seront désormais gouvernées par des princes qui rendront compte à la fois au Sultan et aux autorités russes.

Une nouvelle guerre éclate en 1855 entre la Turquie et la Russie. Le traité de Paris de 1856 contraint la Russie à rendre les bouches du Danube à la Turquie et à céder à la Moldavie une partie de la Bessarabie du sud située sur la rive nord du Danube.

En janvier et février 1859 Alexandru Ioan Cuza est élu prince en Moldavie et en Valachie, contrairement aux dispositions qui prévoyaient que chaque assemblée devait élire son propre représentant. L’union de facto des deux principautés est reconnue par le Sultan le 23 décembre 1861, elle sera formellement déclarée principauté de Roumanie le 5 février 1862.

L’indépendance totale de la Roumanie est reconnue au traité de Berlin (13 juillet 1878). Ce traité inclue des modifications territoriales pour la Roumanie qui doit céder à la Russie la Bessarabie du sud et qui reçoit de la Turquie le nord de la Dobroudja.
Le 26 mars 1881, la Roumanie devient un royaume avec pour souverain Carol Ier.

En 1913 la Roumanie participe à la Seconde Guerre balkanique contre la Bulgarie. À l’issue de cette guerre la Dobroudja du sud est annexée à la Roumanie (traité de Bucarest du 10 août 1913).

La Roumanie prend part à la Première Guerre mondiale en août 1916. La défaite de l’Autriche-Hongrie en 1918 lui permet de doubler son territoire et réaliser la « Grande Roumanie ».

Détail des rattachements :
♦ province autrichienne de Bucovine (traité de Saint-Germain du 10 septembre 1919),
♦ provinces hongroises du Banat et de Transylvanie (traité de Trianon du 4 juin 1920),
♦ province russe de Bessarabie (conférence de paix de Paris achevée le 21 janvier 1920).

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les frontières de la Roumanie ont subi plusieurs modifications.
♦ La Bucovine du nord et la Bessarabie sont occupées par l’Union soviétique le 28 juin 1940.
En juin 1941, la Roumanie entre en guerre contre l’URSS aux côtés de l’Allemagne et reprend ces deux provinces.
Le 12 septembre 1944, la Roumanie signe un armistice avec l’URSS par lequel elle renonce à la Bucovine du nord qui est rattachée à la RSS d’Ukraine et à la Bessarabie qui devient la RSS de Moldavie. Ces transferts de territoires sont entérinés au traité de Paris du 10 février 1947.
♦ L’Allemagne et l’Italie obligent la Roumanie à céder la Transylvanie du nord à la Hongrie (second arbitrage de Vienne du 30 août 1940).
♦ La région est restituée à la Roumanie à la fin de la guerre (traité de Paris du 10 février 1947).
♦ La Dobroudja du sud est rendue à la Bulgarie (accord bipartite de Craiova du 7 septembre 1940).

Les frontières de la Roumanie n’ont plus été modifiées après 1947.

Transylvanie

Transylvanie

Carte hongroise de la Transylvanie (Erdély en hongrois, Ardeal en roumain, Siebenbürgen en allemand).
Les noms latins, hongrois et roumains signifient au-delà des forêts (silva, erdő, arde = forêt).
Le nom allemand (sept châteaux) a été donné par les saxons qui fondèrent sept cités à l’époque de leur implantation au milieu du XIIe siècle (Bistritz/Bistriţa, Klausenburf/Cluj-Napoca, Kronstadt/Braşov, Hermannstadt/Sibiu, Mediasch/Mediaş, Mühlbach/Sebeş, Schässburg/Sighişoara)

Du XIème au XVIème siècle, la Hongrie a contrôlé la Transylvanie qui bénéficiait d’une autonomie certaine dans le royaume magyar. À partir du milieu du XVIème siècle, les Turcs s’en rendirent maîtres et en firent un état vassal de l’Empire ottoman en 1556 pour un siècle et demi.

Par le traité de Karlowitz (aujourd’hui Sremski Karlovci en Serbie), signé le 26 janvier 1699 entre l’archiduc d’Autriche Léopold Ier et la Turquie, la principauté de Transylvanie fut placée sous la domination autrichienne.
Le compromis austro-hongrois du 8 février 1867 fait de la Transylvanie une province hongroise qui en 1876 sera divisée comme l’ensemble du royaume en comitats.

L’entrée en guerre de la Roumanie contre l’Autriche-Hongrie le 27 août 1916 se solde après une brève occupation de la Transylvanie par sa capitulation face aux armées allemandes, austro-hongroises et bulgares finalisée par la signature du traité de Bucarest le 7 mai 1918.

A la fin de la guerre, les Roumains de Transylvanie profitent de l’effondrement de l’Autriche-Hongrie pour proclamer le 1er décembre 1918 l’union des régions de Transylvanie, Banat, Crisana et Maramures à la Roumanie (Assemblée d’Alba Iulia).
Le tracé de la frontière entre la Hongrie et la Roumanie élaboré au début de l’année 1919 par une Commission de l’Entente présidée par le géographe français Emmanuel de Martonne fut contesté par les hongrois qui s’estimèrent lésés.
Au printemps 1919 la Hongrie, dirigée par un gouvernement bolchevique lance une opération militaire dans le but de ramener la Transylvanie à la Hongrie. Les armées roumaines reprennent le contrôle du terrain et vont jusqu’à occuper Budapest le 6 août 1919.

Le traité de Trianon (4 juin 1920) affirma l’appartenance de la Transylvanie historique plus les régions de Crisana et Maramures à la Roumanie. Le tracé de la frontière défini par la Commission de l’Entente en 1919 fut confirmé sans pour autant clore le contentieux territorial du côté hongrois.

Le second arbitrage de Vienne rendu par l’Allemagne et l’Italie le 30 août 1940 garantit à la Roumanie que la Hongrie n’entrera pas en guerre contre elle mais qu’en échange la partie septentrionale de la Transylvanie, peuplée pour moitié de hongrois, soit restituée à la Hongrie.

A partir de l’été 1944, l’Armée rouge entre en Transylvanie du nord. A la fin de la guerre, la province est remise à la Roumanie.

Le traité de Paris du 10 février 1947 confirme la frontière roumano-hongroise telle que définie en 1920.
En 1952 une région autonome magyare constituée sur le modèle des régions autonomes soviétiques a été créée à l’est de la Transylvanie. Ce statut d’autonomie fut supprimé en 1968.

Banat

Banat

Dans l’antiquité la région du Banat, terres situées à l’est de la rivière Tisza, était habitée par les Daces. L’empereur romain Trajan (53-117) en pris possession en 106 après JC.
Au IIIème siècle les romains se retirèrent laissant ainsi le pays ouvert à divers peuples germaniques (Gépides, Hérules, Lombards) ainsi qu’aux Huns et Avars. Au VIème siècle ce sont les Slaves qui s’installèrent dans la région.
Le XIème siècle marque le début de la domination magyare au Banat qui va perdurer jusqu’au milieu du XVIème siècle, époque à laquelle l’empire ottoman poursuit ses conquêtes en Europe. En 1552 le Banat constitue une province turque, l’Eyâlet de Temeșvar.

Le 21 juillet 1718 la paix de Passarowitz, signé dans la ville serbe de Požarevac, mit fin à la guerre entre l’empire Ottoman et la république de Venise déclenchée en 1714.
Par ce traité, la Turquie doit céder à la maison d’Autriche, entre autres territoires, le Banat.
La province fut réunie au royaume de Hongrie en 1779 et resta hongroise jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.
La région constituait alors au sein du royaume de Hongrie les comitats (vármegye) de Torontál, Temes et Krassó-Szörény.

Le 1er novembre 1918, la République du Banat fut proclamée à Timişoara (Republica Bănăţeană en roumain, Bánáti Köztársaság en hongrois). Cette indépendance fut reconnue par la Hongrie, cependant son existence fut de courte durée car le pays fut envahi deux semaines après par les troupes serbes. De leur côté les Roumains revendiquaient l’appartenance du Banat à la Roumanie.

Les négociations entre la Serbie et la Roumanie aboutirent au partage du Banat entre les deux pays. Les deux tiers à la Roumanie, un tiers au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui deviendra la Yougoslavie en 1929, une toute petite partie au nord est maintenue au sein de la Hongrie.

Ce partage fut validé au traité de Trianon (4 juin 1920) ; cependant des rectifications mineures de la frontière ont été réalisées pour aboutir en 1924 au tracé définitif. Par exemple Jimbolia initialement localisée en Serbie fut transférée en Roumanie, à l’inverse la localité de Međa fut attribuée à la Serbie après avoir été placée en Roumanie.

La partie yougoslave du Banat a été occupée par l’Allemagne d’avril 1941 à fin 1944. Le tracé des frontières séparant les trois pays tel qui a été établi en 1924 est toujours en vigueur actuellement.
À présent la partie orientale du Banat est en grande partie incluse dans la région de développement Ouest.



Bucovine

Bucovine

De tous les confins de l’empire Austro-hongrois, la Bucovine a été entre 1775 et la fin de la Première Guerre mondiale celui qui était situé le plus à l’est.

Après le Premier partage de la Pologne en 1772 qui permit à l’Autriche de contrôler la Galicie, la partie nord du voïvodat de Moldavie, vassal de l’empire ottoman, est convoitée par l’Autriche. Par le traité austro-turc du 4 mai 1775 ce territoire, passe sous la domination des Habsbourg et devient un district de la Galicie-Lodomérie, sous le nom de Bucovine.

En 1849 le Bucovine devient une « Terre de la couronne autrichienne » (Kronland) puis est érigée en duché avec Czernowitz pour capitale.

Au cours de la Première Guerre mondiale, de nombreuses batailles se déroulèrent en Bucovine entre les armées Austro-hongroises et allemandes opposées aux Russes.

Après la défaite de l’empire Austro-hongrois, le Conseil national de Bucovine majoritairement roumanophone, vote le 28 novembre 1918 le rattachement à la Roumanie à la satisfaction de ce pays qui depuis son indépendance en 1878 revendique la réunification de la Moldavie.

Le traité de Saint-Germain (10 septembre 1919) ratifie de manière formelle l’appartenance de la Bucovine à la Roumanie.

En référence au pacte germano-soviétique du 23 août 1939, l’URSS adresse à la Roumanie le 26 juin 1940 un ultimatum lui enjoignant de lui céder la partie nord de la Bucovine. Cette exigence ne faisait pas partie du pacte Molotof-Ribbentrop mais n’entraîna pas de réaction de la part de l’Allemagne.
Le 28 juin 1940 les roumains évacuent la Bucovine du nord laissant la place aux soviétiques qui fixent la frontière à quelques kilomètres au nord de la rivière Suceava.

En juin 1941, la Roumanie entre en guerre aux côtés de l’Allemagne contre l’URSS et reprend la Bucovine du nord. Au printemps 1944, l’Armée rouge investit la Bucovine. Un armistice est signé avec l’Union soviétique le 12 septembre 1944 par lequel la Roumanie reconnaît l’annexion de la Bucovine du nord par l’URSS.
Le traité de Paris du 10 février 1947 entérine la partition de la Bucovine entre la RSS d’Ukraine et la Roumanie.

La frontière qui sépare à présent la Roumanie de l’Ukraine indépendante est celle qui a été tracée par les soviétiques en 1940.

Dobroudja

Dobroudja

Au fil de son histoire, la Dobroudja ou Dobrogée (Dobrogea en roumain) a été tour à tour dépendante de la Bulgarie, de l’empire byzantin, de la Valachie avant d’être intégrée à l’empire Ottoman en 1421.
La Dobroudja était incluse dans la province (vilayet) de Silistra.
Au cours des guerres russo-turques de la fin du XVIIIème siècle et de la première moitié du XIXème siècle, la Dobroudja fut occupée à plusieurs reprises par les Russes.

Le traité de San Stefano du 3 mars 1878 qui mit fin à la guerre russo-turque de 1877-1878 accorda le sud de la Dobroudja à la Bulgarie dont le nouveau statut de principauté autonome en faisait de facto un État indépendant (zones 1 et 2 sur la carte) et le nord à la Russie (zones 3, 4, 5, 6 sur la carte).
Il fut ensuite procédé à un échange de territoires entre la Russie et la Roumanie. Le nord de la Dobrogea fut cédé par la Russie à la Roumanie (zone 3, 4, 5) contre le sud de la Bessarabie (traité de Berlin du 13 juillet 1878). Par ce même traité une partie de la Dobrogea du sud incluant la ville de Mangalia fut détachée de la Bulgarie au profit de la Roumanie (zone 2).

La Seconde Guerre balkanique (16 juin – 18 juillet 1913) qui opposa la Bulgarie à la Roumanie et ses alliés est perdue par la Bulgarie. Le traité de paix de Bucarest du 10 août 1913 accorde la Dobrogea du sud à la Roumanie (zone 1).
Au cours de la Première Guerre mondiale, la Dobrogea toute entière est occupée par les troupes des Puissances Centrales dont la Bulgarie est une composante depuis 1915.

Par le traité de Bucarest du 7 mai 1918 conclu entre la Roumanie et les empires Centraux la Dobrogea du sud (zone 1) est rétrocédée à la Bulgarie qui obtient également une partie de la Dobrogea du nord (zones 2 et 3). Le reste de la Dobrogea du nord (zones 4 et 5) restera contrôlée par les puissances Centrales jusqu’à la fin de la guerre. Ce traité non ratifié fut dénoncé par la Roumanie le 31 octobre. L’armistice du 11 novembre 1918 et la victoire des Alliés ont permis à la Roumanie de faire valoir ses revendications territoriales en Dobrogea. Le traité de Neuilly du 27 novembre 1919 confirme l’appartenance de la totalité de la Dobrogea à la Roumanie.

En 1940 la Roumanie, sous la pression diplomatique de l’Allemagne doit restituer la Dobrogea du sud à la Bulgarie (zone 1 sur la carte) pour revenir aux frontières définies au traité de Berlin de 1878 (traité de Craiova du 7 septembre 1940).
Après la guerre le traité de paix de Paris du 10 février 1947 confirma l’appartenance de la Dobrogea du sud à la Bulgarie avec la frontière de 1940.

Depuis cette date la frontière entre la Roumanie et la Bulgarie n’a plus été remise en cause.