Liens vers les parties détaillées du résumé historique de la CROATIE
Istrie
Fiume
Dalmatie
Zara
Medjimurje
Syrmie

En 1914, le territoire de la Croatie actuelle était réparti entre l’Autriche (Istrie et Dalmatie) et la Hongrie (Croatie et Slavonie).

Les provinces de Croatie-Slavonie et Dalmatie en 1913.

L’arrivée des Croates sur les bords de la Save et de la Drave remonte au VIIème siècle. Ils y fondent le royaume de Croatie qui s’unit à la Hongrie en 1102.
Les XVIème et XVIIème siècles sont marqués par la présence des Turcs en Slavonie et en Croatie orientale. Le reflux ottoman est amorcé après leur échec du siège de Vienne en 1683. La Croatie et le nord de la Slavonie sont reprises en 1699 (traité de Karlowitz), le sud de la Slavonie en 1718 (traité de Passarowitz). Durant les deux siècles qui suivirent, le destin de la Croatie fut lié à celui des Habsbourg.
Afin de consolider la frontière avec l’empire Ottoman les régions situées en bordure de la Bosnie furent érigées en Confins militaires ; ils seront supprimés en 1881.

Le compromis austro-hongrois de 1867 place l’Istrie et la Dalmatie en Cisleithanie (Autriche), la Croatie et la Slavonie en Transleithanie (Hongrie). En 1868, la Croatie obtient de la Hongrie un statut d’autonomie au sein du royaume en référence à l’accord de 1102.

À la fin de la Première Guerre mondiale, la Croatie-Slavonie rejoint le royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui a été proclamé le 1er décembre 1918, la ville de Fiume est érigée en ville libre (cf. partie Fiume).

Le 3 octobre 1929 le roi Alexandre Ier transforme le royaume des Serbes, Croates et Slovènes en Royaume de Yougoslavie. En 1931 il abolit les provinces historiques et redessine les frontières intérieures de la Yougoslavie en constituant 9 banovines (provinces). La Croatie fait partie de la banovine de la Sava.
En 1939, les banovines de Sava et Littoral (côte de Dalmatie) sont réunies pour former la banovine de Croatie.


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Le 6 avril 1941 les troupes allemandes et italiennes envahissent la Yougoslavie. L’État indépendant de Croatie, satellite de l’Allemagne nazie, est constitué le 10 avril 1941. Il englobait la quasi-totalité de la Bosnie-Herzégovine mais pas le littoral de Dalmatie qui est cédé à l’Italie le 18 mai 1941 (Accords de Rome).
Le 16 avril 1941 la Hongrie envahit et occupe les territoires perdus en 1920 (Medjimurje et Baranya) ; ils seront annexés en décembre de la même année.

Après la capitulation de l’Italie face aux Alliés anglo-américains (2 septembre 1943), l’Allemagne nazie intégra à la Croatie le 10 septembre 1943 les territoires contrôlés jusqu’ alors par l’Italie (côte dalmate plus Istrie et Fiume).

Le 29 novembre 1945, la Croatie devient une république populaire au sein de l’État fédéral de Yougoslavie dans ses limites territoriales de 1918 (à l’exception de la portion orientale de la Slavonie qui est rattachée à la Serbie). Les régions de Trieste (cf. Italie–Trieste) et d’Istrie (cf. partie Istrie) sont revendiquées par l’Italie et la Yougoslavie.
Le traité de Paris (10 février 1947) règle une partie du différent territorial entre l’Italie et la Yougoslavie.
♦ L’Italie cède à la Yougoslavie des territoires acquis en 1918 (La haute vallée de l’Isonso, l’Istrie, Fiume, Zara et les îles de Dalmatie).
♦ La région de Trieste est érigée en « Territoire libre » car aucun accord n’a pu être trouvé.
Le 26 octobre 1954, un accord est signé entre l’Italie et la Yougoslavie sur le statut définitif de Trieste et de l’Istrie.

Le 25 juin 1991 la Croatie proclame son indépendance ce qui provoque l’intervention de l’armée fédérale yougoslave notamment dans l’est de la Slavonie (chute de Vukovar le 18 décembre 1991).
Le 1er juillet 1991 les Serbes de Krajina s’autoproclament indépendants, le 19 décembre 1991; ils fondent la République serbe de Krajina (RSK) à laquelle plusieurs zones tenues par les séparatistes serbes se rallient au cours de l’année 1992 ; ils contrôleront jusqu’à un quart de la Croatie.
Entre mai et août 1995, les forces croates reprennent le contrôle de la quasi totalité du territoire de la RSK aux mains des séparatistes depuis 4 ans.
À l’issue d’une négociation engagée entre la Croatie et la Serbie, l’est de la Slavonie est restitué à la Croatie le 15 janvier 1998. La même année les dernières poches encore aux mains des séparatistes de la RSK retournent sous la souveraineté de la Croatie.
En 1998 la Croatie a recouvré sa frontière historique avec la Bosnie-Herzégovine, qui date de la conquête de la Bosnie par les Ottomans en 1482.

Istrie

Istrie

La péninsule d’Istrie faisait partie de la province autrichienne du Littoral (Küstenland en allemand) jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.
Le traité de Rapallo signé le 12 novembre 1920 entre l’Italie et le royaume des Serbes, Croates et Slovènes fixe la frontière entre les deux états et accorde l’Istrie, y compris l’île de Cres, à l’Italie.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la quasi-totalité de l’Istrie est occupée par des partisans yougoslaves en 1943-1944.
Après la guerre, la Yougoslavie contrôle militairement cette région à l’exception du territoire contesté de Trieste qui est placé sous administration alliée.
Le traité de Paris du 10 février 1947 attribue la majeure partie de l’Istrie à la Yougoslavie, le territoire de Trieste est divisé en deux zones. La zone B située au sud de Trieste sera officiellement incorporée à la Yougoslavie en 1954 (Cf. Italie § Trieste).

Lorsque la Slovénie et la Croatie deviennent indépendantes en 1991, la frontière interne définie par les partisans croates et slovènes en 1944 a été maintenue.




Fiume

Fiume

L’empereur d’Autriche Frederick III acquiert Fiume en 1466. Les Habsbourgs accordèrent à Fiume un statut de semi autonomie (corpus separatum). En 1776 l’impératrice Marie-Thérèse cède Fiume à la Hongrie. Entre 1809 et 1813 la ville fut incorporée à la province d’Illyrie créée par Napoléon Ier avant de redevenir autrichienne jusqu’en 1822 année à laquelle elle fut rattachée à la Croatie au sein du royaume de Hongrie avec à nouveau le statut de corpus separatum.

Lors de l’effondrement de l’empire austro-hongrois en 1918, Fiume est revendiquée par l’Italie et le nouveau royaume des Serbes Croates et Slovènes; les deux parties justifiant leurs revendications sur des considérations ethniques et linguistiques. Afin d’éviter un conflit armé entre les deux nations une force internationale est déployée en novembre 1918.
Le traité de paix de Saint Germain signé le 10 septembre 1919 n’accorda pas Fiume à l’Italie en dépit du pacte de Londres d’avril 1915.
Profitant du manque d’accord entre les italiens et les yougoslaves au sujet du statut de la ville, le poète italien Gabriele d’Annunzio, à la tête d’une petite troupe entra dans Fiume le 12 septembre 1919. Il gouvernera pendant quinze mois.
Le 12 novembre 1920, le traité de Rapallo mit fin au conflit territorial qui opposait la Yougoslavie à l’Italie. Fiume devait constituer un état indépendant; d’Annunzio rejeta le traité.
Début décembre 1920, d’Annunzio déclara la guerre à l’Italie, les combats durèrent jusqu’au 25 décembre 1920. Huit jours plus tard il capitulait et l’éphémère État libre de Fiume fut créé.
Par le traité de Rome du 27 janvier 1924 la Yougoslavie reconnait la souveraineté italienne sur la ville de Fiume et l’Italie restitue aux yougoslaves une partie du territoire situé au nord-ouest de la ville.
L’Italie annexa le territoire de Fiume le 16 mars 1924.
Fiume resta italienne jusqu’au 12 septembre 1943, date à laquelle les troupes allemandes prirent possession de la ville et de ses alentours. Ce retournement de situation est la conséquence de l’armistice de Cassible signé le 2 septembre 1943 en Sicile par lequel l’Italie cessa les combats face aux Alliés anglo-américains. L’occupation allemande de Fiume perdura jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale quand elle fut prise par les patriotes yougoslaves le 3 mai 1945.
Le Traité de Paris du 10 février 1947 attribue Fiume (Rijeka en croate) à la Croatie au sein de la République fédérale populaire de Yougoslavie.


Dalmatie

Dalmatie

Cette partie de la côte orientale de l’Adriatique a connu au cours de son histoire l’influence de plusieurs civilisations.
Dans l’Antiquité, les Grecs puis les Romains s’installent en Dalmatie. Après les invasions germaniques du IVème siècle, des peuples slaves (Avars, Croates) font la conquête de la région. Au VIIème siècle, les Croates fondent le royaume de Croatie qui s’unit à la Hongrie en 1102. Au cours des trois siècles qui suivirent, la Dalmatie fut disputée entre le royaume de Hongrie-Croatie et la république de Venise qui parvint à asseoir son autorité sur la Dalmatie en 1420 sauf à Raguse. La république de Venise contrôla la Dalmatie jusqu’en 1797.
La république de Raguse s’est affranchie de la suzeraineté de Venise en 1358 et maintint son indépendance jusqu’à son abolition par les français en 1808. Elle fut alors rattachée aux provinces Illyriennes.
Les autrichiens prennent possession de la Dalmatie en 1797 (traité de Campo-Formio), ce qui marque la fin de la république de Venise. Après avoir fait partie des provinces Illyriennes créées par Napoléon Ier en 1809, la Dalmatie est à nouveau réunie avec Raguse à l’empire d’Autriche en 1815. Elle le restera jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.

La province de Dalmatie (en beige) dans l’empire d’Autriche en 1914.

En 1918, la Dalmatie intègre le royaume des Serbes, Croates et Slovènes. La région est revendiquée par l’Italie qui s’appuie sur le nombre de ses ressortissants qui l’habite. Le traité de paix de Rapallo signé le 12 novembre 1920 entre l’Italie et la Yougoslavie fixe la frontière entre les deux pays. L’Italie renonce à la Dalmatie à l’exception de la région autour de la ville de Zara (Zadar) qui lui est attribuée.

En 1922 la Dalmatie yougoslave comprend deux districts : le district de Split et le district de Dubrovnik. En 1931 ces deux districts sont réunis pour former la banovine du littoral (Primorska Banovina) qui sera à son tour réunie à la banovine de la Save en 1939 pour former la banovine de Croatie (Banovina Hrvatska).

En avril 1941, les troupes italiennes occupent la partie de la Dalmatie située entre Zara et Split.
Après de l’armistice signé le 3 septembre 1943 entre l’Italie et les Alliés, les Allemands occupent les zones qui étaient jusqu’alors sous contrôle italien.
En 1945, la Dalmatie rejoint la république populaire de Croatie au sein de la Yougoslavie à l’exception du golfe de Kotor qui est rattaché au Monténégro et d’une partie de l’intérieur des terres qui va à la Bosnie-Herzégovine.

La frontière intérieure avec la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro deviendra la frontière internationale à l’indépendance de la Croatie le 25 juin 1991 en dépit des tentatives de l’armée fédérale yougoslave de reprendre les territoires où vivait une minorité serbe. Les principaux combats eurent lieu près de Zadar et de Dubrovnik. Dubrovnik fut assiégée d’octobre 1991 jusqu’à sa libération par l’armée croate en mai 1992. Les hostilités ont véritablement cessé en 1995.

Zara

Zara

Entre 1923 à 1947 l’enclave de Zara en territoire yougoslave était une province italienne d’une superficie de 104km2 constituée de la ville de Zara et ses environs plus des îles de Cazza (Sušac, près de l’île de Lastovo), Lagosta (Lastovo, au large de Dubrovnik), Pelagosa (Palagruža au milieu de l’Adriatique au sud de l’île de Lastovo) et Saseno (Sazan, sur la côte albanaise).

Le 4 novembre 1918 l’armée italienne occupe la ville de Zara. Après la guerre Zara servira de refuge pour presque toute la population italienne de Dalmatie.
Le traité de Rapallo signé le 12 novembre 1920 entre l’Italie et la Yougoslavie entérine l’appartenance de Zara à l’Italie.

Les Allemands entrent à Zara le 10 septembre 1943 et l’occupent jusqu’en 1944 tout en laissant l’administration locale sous la responsabilité de la « République sociale italienne ».
Le 31 octobre 1944, les partisans yougoslaves prennent le contrôle de la ville qui est rebaptisée Zadar.
Zadar et les îles qui en dépendaient furent officiellement reconnues comme faisant partie de la Yougoslavie par le traité de Paris du 10 février 1947


Le territoire italien de Zara entre 1918 et 1947

Medjimurje

Medjimurje

Cette région du nord de la Croatie située entre les rivières Mura et Drava faisait partie du royaume de Hongrie jusqu’à la Première Guerre mondiale. À la fin de la guerre, la région a connu des troubles qui ont conduit une partie de la population hongroise à fuir et, le 9 janvier 1919 une assemblée locale croate réunie à Čakovec décide du ralliement au royaume des Serbes, Croates et Slovène nouvellement constitué. Le traité de Trianon signé le 4 juin 1920 ratifia la séparation des districts de Csáktornyá (Čakovec) et Perlak (Prelog) du comitat hongrois de Zala.

De 1929 à 1941, la région du Medjimurje fait partie de la province yougoslave (banovine) de la Sava.
Le 16 avril 1941, le district de la Mur (Medjimurje et Prekmurje) est occupé par la Hongrie puis annexé en décembre de la même année avant d’être occupé par l’Allemagne nazie entre 1944 et 1945.
Après la guerre, la région réintègre la Yougoslavie dans la République socialiste de Croatie.
Depuis l’indépendance de la Croatie en 1991, elle constitue une région administrative (Međimurska županija en croate).

Syrmie (Srijem)

Syrmie (Srijem)

Cette ancienne province de Croatie située à l’est de la Slavonie est désignée Срем (Srem) en serbe, Srijem en croate, Szerém en hongrois.
Elle fut une possession des rois de Hongrie du XIIème siècle à 1521, date à laquelle elle passa aux mains des Ottomans qui en firent un sandjak (région militaire).

C’est à Karlowitz en Syrmie (aujourd’hui Sremski Karlovci) que fut signé le 26 janvier 1699 le traité de paix conclu entre l’empire ottoman et la coalition composée de l’Autriche, de la Pologne et de Venise pendant la guerre de 1683-1699. Ce traité marqua le début du recul de la domination turque en Europe.
Après le traité de Karlowitz, la Syrmie revient à la Hongrie (Szerém en hongrois) qui l’inclue dans les confins militaires (krajina) qui marquent la frontière avec l’empire ottoman. Les confins militaires de Croatie sont supprimés en 1881, la Syrmie est alors intégrée à la province de Croatie-Slavonie.

Après la Première Guerre mondiale, la Syrmie rejoint le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (24 novembre 1918).

Entre 1941 et 1945, elle est incluse dans l’État indépendant de Croatie.
En 1945 la Syrmie est partagée en deux parties selon sa composition ethnique. La partie ouest à majorité croate est accolée à la République socialiste de Croatie, la partie orientale majoritairement serbe est rattachée à la province autonome de Voïvodine au sein de la république yougoslave de Serbie.
Le 25 juin 1991, la Croatie déclare son indépendance de République fédérative socialiste de Yougoslavie qui eut pour effet de déclencher un conflit armé avec les Serbes qui dura du 17 août 1991 au 12 novembre 1995.
Au début de la guerre la ville de Vukovar subit un siège de trois mois avant de tomber fin novembre aux mains des Serbes. Les Serbes autoproclamèrent la « Région Serbe Autonome de Slavonie orientale, de Baranja et de Syrmie occidentale ». Cette entité fut dissoute en 1995 date à laquelle la Syrmie occidentale réintègre la Croatie.
À présent la Syrmie occidentale constitue le comitat (županija) de Vukovar-Syrmie (Vukovarsko-srijemska).