L’origine du Monténégro en tant qu’État remonte au XIème siècle quand en 1077 le pape Grégoire VII accorde à Mihailo Vojislavljević le titre de roi de Zéta (ou Dioclée). La Zéta avec Scutari pour capitale sera par la suite rattachée à la Rascie (Raška), ancêtre de la Serbie.
Après la bataille de Kosovo-Polje remportée en 1389 par les Turcs, la plupart des territoires serbes subissent la domination ottomane. La Zéta qui n’est pas soumise à l’occupation turque sera à partir de cette époque dirigée par des dynasties locales. Pour faire face à la menace turque les familles au pouvoir s’allient à la République de Venise qui, malgré l’obtention d’une partie du littoral adriatique n’interviendra pas pour repousser les attaques menées par les Ottomans.
En 1479 le sultan Mehmed II s’empare de Scutari ; Ivan Crnojevitch se replie dans les montagnes et transfère la capitale à Cettigné. Le royaume de Zéta devient la Crna Gora (Monténégro), littéralement « Montagne Noire ».
À la fin du XVème siècle, le Monténégro passe en totalité sous l’autorité des Ottomans à l’exception de la côte adriatique, golfe de Cattaro compris qui reste sous le contrôle de la République de Venise.
Le Monténégro devient alors une principauté vassale de la Sublime Porte sans être totalement asservie au Sultan.
Du début du XVIIIème siècle jusqu’au traité de Berlin en 1878, l’histoire du Monténégro est marquée par une succession de guerres avec l’empire ottoman.
Entre temps, l’Autriche a pris possession des territoires de la République de Venise, dissoute en 1797. Le congrès de Vienne confirme en 1815 l’appartenance du littoral monténégrin et du golfe de Cattaro à l’Autriche qui rattache la région à sa province de Dalmatie.
Le Monténégro, allié de la Russie, participe à la guerre russo-turque de 1877-1878, ce qui lui vaut d’être reconnu par la Turquie comme un État pleinement indépendant au traité de Berlin du 13 juillet 1878. Cette reconnaissance est complétée par des acquisitions territoriales : régions d’Antivari (Bar), Podgoritza (Podgorica), Nikchitz (Nikšić).
Le 28 août 1910, Nicolas Ier érigea la principauté de Monténégro en royaume.
Le Monténégro prit part à la Première Guerre balkanique (octobre 1912 – mai 1913) avec la Serbie, la Bulgarie et la Grèce contre l’empire ottoman. La Ligue balkanique sort victorieuse de ce conflit qui se termine par la signature du traité de Londres le 30 mai 1913. Par ce traité, le sandjak de Novi Pazar est partagé entre la Serbie et le Monténégro. En plus de la partie sud du sandjak de Novi Pazar, le Monténégro annexe une partie du Kosovo, la région autour de Plav et deux territoires de l’empire ottoman situés au nord et au sud du lac Skadar (en jaune sur la carte).
Au cours de la Première Guerre mondiale, le Monténégro, allié de la Serbie, fut occupé par les armées austro-hongroises et allemandes. À la fin du conflit, le roi parti en exil est détrôné et, le 1er décembre 1918, l’assemblée de Podgorica décide de rallier le Royaume des Serbes Croates et Slovènes.
Suite à la réorganisation territoriale de 1929 voulue par le roi Alexandre Ier pour rompre avec les limites ethniques et historiques, le Monténégro fut inclus dans la région yougoslave (banovine) de Zéta.
Le Monténégro a été occupé par les Italiens d’avril 1941 à septembre 1943. Le pays dénommé royaume du Monténégro était une sorte de protectorat semi-indépendant administré militairement par l’Italie.
la région de Kotor (Cattaro) a été quant à elle annexée à l’Italie et rattachée au gouvernorat de Dalmatie (governatorato della Dalmazia).
Après l’armistice signé entre l’Italie et les Alliés anglo-américains en septembre 1943, les troupes allemandes remplacent les italiens jusqu’à la fin de la guerre.
Le 31 janvier 1946 la nouvelle constitution yougoslave fait du Monténégro la « République socialiste de Monténégro ». Podgorica rebaptisée Titograd en est la capitale.
La région côtière comprenant le golfe de Kotor lui est rattachée mais la partie du Kosovo conquise en 1913 fut incluse dans la province autonome du « Kosovo et Metohija » au sein de la « République fédérative de Yougoslavie ».
Après l’éclatement de la Yougoslavie en 1991, le Monténégro se joint à la Serbie pour former en avril 1992 la république fédérale de Yougoslavie qui sera renommée Serbie et Monténégro en 2003.
L’indépendance du Monténégro a été officiellement proclamée le 3 juin 2006 après les 55,5% des suffrages obtenus au référendum sur la souveraineté organisé le 21 mai 2006.
Cette séparation à l’amiable d’avec la Serbie met fin à la communauté de Serbie et Monténégro constituée en 2003.
Depuis l’indépendance du Kosovo en 2008, le tracé de la frontière entre les deux pays est un sujet litigieux en raison des revendications du Monténégro qui concernent environ 8 000 herctares situés du côté kosovar à savoir la région des gorges de Rugova au delà du col de Čakor. Les négociations engagées entre les deux pays avec l’appui d’émissaires européens et onisiens ont abouti à un accord signé à Vienne en septembre 2015. Cet accord bilatéral a été ratifié par le Parlement du Monténégro en décembre 2015 mais pas du côté kosovar en raison des vives critiques formulées par l’opposition. Le statu quo a été maintenu jusqu’au 21 mars 2018 date à laquelle le Parlement du Kosovo a voté la ratification de l’accord sur la délimitation de sa frontière avec le Monténégro.
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