Liens vers les parties détaillées du résumé historique de la SERBIE
◊ Voïvodine
◊ Batchka
◊ Banat
◊ Syrmie
L’arrivée des Serbes dans les Balkans remonte au VIIème siècle. Ils furent appelés à l’époque par l’empereur byzantin Héraclius pour chasser les Avars. Ils s’établirent et fondèrent plusieurs États dont la Rascie (Raška) qui est à l’origine du royaume de Serbie.
La Serbie connut son apogée au milieu du XIVème siècle sous le règne d’Étienne Dušan, elle s’étendait alors du Danube à la mer Égée et incluait l’actuelle Albanie.
La seconde moitié du XIVème siècle fut pour la Serbie une période de déclin au profit de l’empire ottoman. La victoire des Turcs à Kosovo-Polje le 28 juin 1389 marqua la fin de la souveraineté de la Serbie qui fut définitivement conquise en 1459.
La présence turque se perpétua jusqu’en 1878 même si en 1815 le statut de principauté vassale de la Porte fut concédé à la Serbie.
À la suite de la guerre russo-turque de 1877-1878, l’indépendance de la Serbie a été imposée par la Russie au traité de San Stefano (3 mars 1878). Le traité de Berlin signé le 13 juillet 1878 confirma cette indépendance et fixa les nouvelles frontières de la Serbie.
En 1882 la Serbie est érigée en royaume, le prince Milan Obrenović devient Milan Ier de Serbie.
Le traité de Londres signé le 30 mai 1913 marque la fin de la Première Guerre balkanique qui depuis le 8 octobre 1912 oppose la Bulgarie et ses alliés (Grèce, Monténégro, Serbie) à la Turquie. La victoire sur les Ottomans permet à la Serbie d’agrandir son territoire avec l’acquisition de la moitié nord du sandjak de Novi Pazar, l’autre partie étant annexée au Monténégro. Le partage de la Macédoine qui devait faire l’objet d’un accord multilatéral entre la Bulgarie, la Grèce et la Serbie n’a pu être réalisé faute d’accord. La guerre éclate à nouveau le 29 juin 1913 entre la Bulgarie et ses alliés d’hier, auxquels se sont joints la Roumanie et la Turquie.
Les hostilités cessent le 30 juillet et un traité de paix est signé à Bucarest le 10 août 1913. La partie septentrionale de la Macédoine est rattachée à la Serbie.
L’assassinat du prince héritier François-Ferdinand et de son épouse la princesse Sophie par le nationaliste Serbe Gavrilo Princip à Sarajevo le 28 juin 1914 fut à l’origine de la déclaration de guerre de l’Autriche à la Serbie un mois plus tard, ce qui par le fait des alliances a déclenché la Première Guerre mondiale.
La défaite des Empires centraux a été l’occasion pour les slaves du sud (yougoslaves) de s’unir. Le royaume des Serbes, Croates et Slovènes est proclamé le 1er décembre 1918.
Ce nouveau pays est constitué des royaumes de Serbie et du Monténégro auxquels se sont ralliés des territoires de l’ancien empire Austro-Hongrois où les populations serbes, croates et slovènes étaient importantes.
Rectification des frontières après le traité de Neuilly
Ce traité signé le 27 novembre 1919 à Neuilly sur Seine près de Paris par les Alliés et la Bulgarie fixe les nouvelles frontières de la Bulgarie avec ses voisins.
Pour ce qui concerne la Serbie :
♦ la Macédoine conquise par les Bulgares à partir d’octobre 1915 est restituée,
♦ des territoires bulgares avant la guerre sont cédés au nouveau royaume des Serbes, Croates et Slovènes (district de la rivière Timok avec la ville de Gradskov, district de Tsaribrod rebaptisé Dimitrovgrad, district de Bosilevgrad, district de Strumnica).
Le 3 octobre 1929 le roi Alexandre Ier transforme le royaume des Serbes, Croates et Slovènes en Royaume de Yougoslavie. En 1931 il abolit les provinces historiques et redessine les frontières intérieures de la Yougoslavie en constituant 9 banovines (provinces).
Composition du royaume des Serbes, Croates et Slovènes
Pays en 1914 | Territoires | |
Serbie | royaume de Serbie | |
Monténégro | royaume du Monténégro | |
Autriche | Bosnie et Herzégovine | province dotée d’un statut particulier depuis son annexion par l’Autriche en 1908. |
Province de Dalmatie | ||
Province de Carniole (Krain) | ||
Styrie du sud (Untersteiermark) | Les deux-tiers nord de la province ont été maintenus en Autriche après 1918 | |
Zara (+ îles de Lagosta, Pelagosa, Saseno) | Territoires accordés à l’Italie par le traité de Rapallo (12 novembre 1920). | |
Hongrie | Banat Batchka Baranya (partie sud) | |
Croatie-Slavonie | Province dotée d’un statut de semi-autonomie dans le royaume de Hongrie | |
District de la Mur | ||
Fiume | Revendiquée par les italiens et les yougoslaves, l’État libre de Fiume fut établi en 1920 puis annexé par l’Italie en 1924. | |
Bulgarie | Bosilegrad Gradskov Strumnica Tzaribrod / Dimitrovgrad | Territoires transférés à la Yougoslavie par le traité de Neuilly signé entre les Alliés et la Bulgarie le 27 novembre 1919 |
Le 6 avril 1941, les armées allemandes, italiennes et hongroises attaquent la Yougoslavie qui capitule 12 jours après. Les occupants se partagent ensuite le pays.
En Serbie, l’Allemagne occupe la partie centrale et administre le Banat, la Hongrie annexe le Batchka, l’Italie rattache la « Vieille Serbie » à l’Albanie qu’elle occupe déjà, la Bulgarie annexe la Macédoine. La Syrmie est quant à elle rattachée à l’État de Croatie, vassal de l’Allemagne.
Le 10 septembre 1943, lendemain de la capitulation de l’Italie, l’Allemagne occupa tous les territoires contrôlés par l’Italie.
Par crainte d’un retournement d’alliance de son alliée, l’armée allemande entre en Hongrie le 19 mars 1944. Les territoires yougoslaves conquis par la Hongrie en avril 1941 passent sous contrôle allemand jusqu’à fin 1944 pour les régions de Baranja et Batchka et jusqu’à la fin de la guerre en 1945 pour le district de la Mur (Medjimurje et Prekmurje).
À la fin de la guerre les partisans de Tito prennent le pouvoir et instaurent la république le 29 novembre 1945. Après avoir été désignée sous plusieurs appellations la Yougoslavie prend, avec la nouvelle constitution du 31 janvier 1946, le nom de République socialiste fédérative de Yougoslavie. Elle est constituée de six républiques :
♦ République socialiste de Serbie, capitale Belgrade avec deux provinces autonomes
….• Voïvodine, capitale Novi Sad
….• Kosovo, capitale Priština
♦ République socialiste de Slovénie, capitale Ljubljana
♦ République socialiste de Croatie, capitale Zagreb
♦ République socialiste de Bosnie-Herzégovine, capitale Sarajevo
♦ République socialiste du Monténégro, capitale Titograd (Podgorica)
♦ République socialiste de Macédoine, capitale Skopje
L’année 1991 marque le début de l’éclatement de la Yougoslavie. Le 25 juin la Slovénie et la Croatie proclament leur indépendance suivies le 15 septembre par la Macédoine et le 15 octobre par la Bosnie-Herzégovine.
En avril 1992, la Yougoslavie, réduite à la Serbie et au Monténégro prend le nom de République fédérale de Yougoslavie. Son statut est modifié le 4 février 2003 pour devenir la communauté d’États de Serbie et Monténégro.
Après les 55,5% des suffrages obtenus au référendum organisé le 21 mai 2006 sur la souveraineté du Monténégro, l’indépendance de cette république est officiellement proclamée le 3 juin 2006. Elle finalise la dissolution de la Yougoslavie qui depuis cette date est devenue la République de Serbie.
À la suite des graves troubles survenus au Kosovo à la fin des années 1990, la province est placée sous l’administration des Nations Unies en juin 1999. Le 17 février 2008, le Parlement du Kosovo proclame l’indépendance qui est contestée par la Serbie.
Au 4 septembre 2020, 98 des 193 États membres des Nations Unies et 22 des 27 États de l’Union Européenne ont reconnu le Kosovo comme État souverain.
Parmi les pays qui ne reconnaissent pas l’indépendance du Kosovo, il y a notamment la Serbie, la Russie, l’Argentine, la Bosnie-Herzégovine, le Brésil, la Chine, Chypre, l’Espagne, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie, l’Ukraine…
Voïvodine (Vojvodina)
Voïvodine (Vojvodina)
Après l’implantation de peuples slaves au VIème siècle, les Magyars s’établissent en Voïvodine qui sera intégrée au royaume de Hongrie au Xème siècle.
Après la bataille de Mohács (29 août 1526) perdue par les Hongrois au profit des Ottomans commandés par Soliman le Magnifique une grande partie de la Hongrie, dont la Voïvodine, passe sous la domination turque et le restera jusqu’au début du XVIIIème siècle.
La partie occidentale est reconquise par l’empire des Habsbourg au cours de la guerre contre les turcs de 1683-1699 et est annexée après le traité de paix de Karlowitz (26 janvier 1699). Le Banat est cédé par les Turcs à la couronne d’Autriche au traité de Passarowitz (21 juillet 1718). Pendant les deux siècles qui suivirent, l’histoire de la Voïvodine sera liée à celle de la Hongrie dans l’empire Austro-hongrois.
Le 1er décembre 1918, Banat serbe, Batchka et Syrmie font officiellement partie du royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
Le traité de Trianon signé le 4 juin 1920 confirme l’appartenance de la Voïvodine à la Yougoslavie. Entre 1929 et 1941, la Voïvodine constituait la région yougoslave appelée « Banovine du Danube » (Dunavska banovina).
Pendant la seconde guerre mondiale la Batchka a été annexée par la Hongrie, le Banat serbe était administré par l’Allemagne, la Syrmie était intégrée dans l’État indépendant de Croatie.
Le 29 novembre 1945, le nouveau pouvoir yougoslave renomme la Banovine du Danube « Voïvodine » qui devient une région autonome de la république socialiste de Serbie.
Au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, la Voïvodine a été dotée d’une autonomie plus ou moins étendue selon les époques, voire supprimée entre 1990 et 2000. Le statut d’autonomie actuel au sein de la république de Serbie a été adopté le 15 octobre 2008.
Batchka (Bačka)
Batchka (Bačka)
La Batchka (Бачка en serbe, Bácska en hongrois, Bačka en croate) est une ancienne province hongroise située entre le Danube et la Tisza.
Les Slaves avec parmi eux les Serbes s’installèrent dans la région à partir du VIème siècle. Au Xème siècle la Bačka rejoint le royaume de Hongrie avant de passer sous la domination des Ottomans (XVIème et XVIIème siècles). Durant cette période la Bačka ffaisait partie du sandjak de Segedin (Szeged).
Après deux siècles de présence turque la Bačka devint possession des Habsbourg en 1699 (traité de Karlowitz) et le restera jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.
La région constituait alors au sein du royaume de Hongrie le comitat (vármegye) de Bács Bodrog.
Le 1er décembre 1918, la Batchka est rattachée au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et sera par la suite incluse dans la région administrative yougoslave dénommée « Banovine du Danube ».
En 1941, la Hongrie entre en guerre aux côtés de l’Allemagne et participe à l’invasion de la Yougoslavie, elle occupe jusqu’en mars 1944 son ancienne province perdue en 1918. Entre mars 1944 et fin 1944 le Batchka passe sous contrôle allemand avant d’être restitué à la Yougoslavie.
Depuis 1945 la Batchka fait partie de la région autonome de Voïvodine à l’exception de la frange septentrionale qui est demeurée en Hongrie.
À présent la Batchka est constituée de trois districts faisant partie de la région autonome de Voïvodine au sein de la république de Serbie.
Banat
Banat
Dans l’antiquité la région du Banat, terres situées à l’est de la rivière Tisza, était habitée par les Daces. L’empereur romain Trajan (53-117) en pris possession en 106 après JC.
Au IIIème siècle les romains se retirèrent laissant ainsi le pays ouvert à divers peuples germaniques (Gépides, Hérules, Lombards) ainsi qu’aux Huns et Avars. Au VIème siècle ce sont les Slaves qui s’installèrent dans la région.
Le XIème siècle marque le début de la domination magyare au Banat qui va perdurer jusqu’au milieu du XVIème siècle, époque à laquelle l’empire ottoman poursuit ses conquêtes en Europe.
En 1552 le Banat constitue une province turque, l’Eyâlet de Temeșvar.
Le 21 juillet 1718 la paix de Passarowitz, signée dans la ville serbe de Požarevac, mit fin à la guerre entre l’empire Ottoman et la république de Venise déclenchée en 1714.
Par ce traité, la Turquie doit céder à la maison d’Autriche, entre autres territoires, le Banat.
La province fut réunie au royaume de Hongrie en 1779 et resta hongroise jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.
La région constituait alors au sein du royaume de Hongrie les comitats (vármegye) de Torontál, Temes et Krassó-Szörény.
Le 1er novembre 1918, la République du Banat fut proclamée à Timişoara (Republica Bănăţeană en roumain, Bánáti Köztársaság en hongrois). Cette indépendance fut reconnue par la Hongrie, cependant son existence fut de courte durée car le pays fut envahi deux semaines après par les troupes serbes. De leur côté les Roumains revendiquaient l’appartenance du Banat à la Roumanie.
Les négociations entre la Serbie et la Roumanie aboutirent au partage du Banat entre les deux pays. Les deux tiers à la Roumanie, un tiers au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui deviendra la Yougoslavie en 1929; une toute petite partie au nord est maintenue au sein de la Hongrie.
Ce partage fut validé au traité de Trianon (4 juin 1920) ; cependant des rectifications mineures de la frontière ont été réalisées pour aboutir en 1924 au tracé définitif. Par exemple Jimbolia initialement localisée en Serbie fut transférée en Roumanie, à l’inverse la localité de Međa fut attribuée à la Serbie après avoir été placée en Roumanie.
La partie yougoslave du Banat a été occupée par l’Allemagne d’avril 1941 à fin 1944. Le tracé des frontières séparant les trois pays tel qui a été établi en 1924 est toujours en vigueur actuellement.
À présent la partie occidentale du Banat est constituée de trois districts faisant partie de la région autonome de Voïvodine au sein de la république de Serbie.
Syrmie (Srem)
Syrmie (Srem)
Cette ancienne province de Croatie située à l’est de la Slavonie est désignée Срем (Srem) en serbe, Srijem en croate, Szerém en hongrois.
Elle fut une possession des rois de Hongrie du XIIème siècle à 1521, date à laquelle elle passa aux mains des Ottomans qui en firent un sandjak (région militaire).
C’est à Karlowitz en Syrmie (aujourd’hui Sremski Karlovci) que fut signé le 26 janvier 1699 le traité de paix conclu entre l’empire ottoman et la coalition composée de l’Autriche, de la Pologne et de Venise pendant la guerre de 1683-1699. Ce traité marqua le début du recul de la domination turque en Europe.
Après le traité de Karlowitz, la Syrmie revient à la Hongrie qui l’inclue dans les confins militaires (krajina) qui marquent la frontière avec l’empire ottoman. Les confins militaires de Croatie sont supprimés en 1881, la Syrmie est alors intégrée à la province de Croatie-Slavonie.
Après la Première Guerre mondiale, la Syrmie rejoint le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (24 novembre 1918).
Entre 1941 et 1945, elle est incluse dans l’État indépendant de Croatie.
En 1945 la Syrmie est partagée en deux parties selon sa composition ethnique. La partie ouest à majorité croate est accolée à la République socialiste de Croatie, la partie orientale majoritairement serbe est rattachée à la province autonome de Voïvodine au sein de la république yougoslave de Serbie.
Le 25 juin 1991, la Croatie déclare son indépendance de République fédérative socialiste de Yougoslavie qui eut pour effet de déclencher un conflit armé avec les Serbes qui dura du 17 août 1991 au 12 novembre 1995.
Au début de la guerre la ville de Vukovar subit un siège de trois mois avant de tomber fin novembre aux mains des Serbes. Les Serbes autoproclamèrent la « Région Serbe Autonome de Slavonie orientale, de Baranja et de Syrmie occidentale ». Cette entité fut dissoute en 1995 date à laquelle la Syrmie occidentale réintègre la Croatie.
À présent la Syrmie orientale constitue un des sept districts de la région autonome de Voïvodine au sein de la république de Serbie.
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